Geluck expose le Chat


Publication rédigée à partir du dossier de presse

L’actuelle exposition Geluck expose le Chat au Musée Maillol à Paris propose le parcours inattendu d’un gamin qui comprend très jeune sa faculté de faire rire les autres par ses dessins d’humour noir et décalé, et qui se met à en produire, nourri au biberon par les sommets de la spécialité tels que Siné, Bosc, Chaval, Sempé, Reiser, entre autres. Cela mènera tout naturellement le jeune homme, devenu adulte, à devenir… comédien, et à monter sur les planches théâtrales durant 10 ans. Puis à se muer en animateur ou chroniqueur radio et télé, d’abord en Belgique et puis en France.

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora
Geluck expose le Chat © Philippe Geluck

Dès son plus jeune âge Philippe dessine, et à l’adolescence il montre des dessins d’horreur qui surprennent par leur noirceur et leur cynisme, toujours avec drôlerie. Le jeune artiste est aussi impressionné par le travail coloré de Folon, de Tomi Ungerer et de Saul Steinberg. Cependant, il ne copie ni ne parodie ses aînés, il s’invente un univers à la fois poétique, un brin cruel et joliment surréaliste. Les œuvres sont douces et plaisantes au regard, mais lorsqu’on s’approche, on découvre par exemple un bossu coupant la langue d’un manchot ou un bonhomme sur son tracteur labourant un champ de têtes humaines. Geluck ne s’arrêtera plus jamais. 

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck

Le premier Chat est publié le 22 mars 1983 dans le journal bruxellois Le Soir. Ce strip en trois images s’inspire graphiquement du carton de mariage de Philippe et Dany. Le dessin représente les jeunes mariés sous la forme de deux chats se faisant un câlin très animal. Et pour qu’aucun doute ne soit permis, il fait porter au mâle une paire de lunettes rondes, pareilles aux siennes. Au début le succès est mitigé, plusieurs journalistes avouant retarder autant que possible la remise de leurs articles afin qu’ils ne se retrouvent pas affublés d’un de ces dessins. Jusqu’à ce qu’une étude révèle que les articles illustrés par Le Chat étaient lus cinq fois plus que les autres. À partir de ce jour, ces mêmes journalistes ont attendu la venue du dessinateur dans les couloirs du Journal, en tenant leur ‘papier’ à la main, et racontant au dessinateur qu’ils avaient écrit un truc qui, normalement, devrait l’inspirer.

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora

En 20 ans, Le Chat acquiert le statut de star et chacun de ses albums est un best-seller. Mais Geluck continue sa diversification: il introduit dans ses livres des dessins ‘autres’ que Le Chat, détourne des gravures anciennes, réalise des toiles de grand format, des objets surréalistes et des sculptures, en attendant la suite. En octobre 2003, pour les 20 ans du héros, l’École nationale des beaux-arts à Paris accueille Le Chat s’expose, une mise en scène immersive du travail de l’artiste. L’exposition attirera 350.000 visiteurs. Dans les années qui suivent, on ne compte plus les participations de Geluck et son Chat à des salons d’art et des expositions en galerie. Le bonhomme continue à dessiner, mais s’est aussi mué en peintre et en sculpteur. Désormais, ses réalisations plaisent autant au grand public qu’aux amateurs chevronnés et férus d’art contemporain.

Geluck expose le Chat, hommage à Banksy © Philippe Geluck

C’est en repensant au succès de la grande exposition de 2003 que l’idée de la création d’un musée du dessin d’humour emmené par Le Chat fait son apparition. C’est pour financer une partie de ce projet que Philippe Geluck a l’idée de produire une exposition de sculptures monumentales en bronze dans l’espace public. Les œuvres sont mises en vente au profit intégral du budget du futur musée. Le Chat déambule est un succès considérable que 10 millions de visiteurs ont déjà pu apprécier, à Paris, Bordeaux, Caen, Genève, Monaco, Montreux, Bruxelles, Guérande, Lyon. De nombreux collectionneurs, sociétés ou municipalités se sont déjà portés acquéreurs d’exemplaires. Le plancher du Musée Maillol ne pouvant supporter la charge de ces statues monumentales, il n’y avait d’autre choix que d’aligner les sculptures au format original. 


Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora
Geluck expose le Chat , Philippe Geluck à l’oeuvre au chevalet de sculpture © Philippe Geluck

L’exposition se poursuit avec L’Art et Le Chat, un concept que le Musée en herbe avait présenté en 2016 où Geluck et Le Chat dialoguent avec de prestigieux ‘confrères’ comme Andy Warhol, Vermeer, Soulages, Picasso ou Mondrian. L’idée est d’accrocher côte à côte une œuvre de l’artiste en question, et l’hommage, admiratif, poétique ou insolent du Chat. Au musée Maillol, en 2025, ce sont bien entendu d’autres œuvres et d’autres hommages qui sont proposés. Une sorte d’Art et Le Chat, chapitre deux.

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora

La salle suivante est entièrement dédiée à L’origine du monde de Gustave Courbet. Outre un énorme clin d’œil à Magritte, Geluck y présente plusieurs hommages qu’il a rendus à Courbet, comme L’homme à la touffe, L’origine du monde par Fontana, L’origine du monde vue par le bébé, pour ne citer que ceux-là.

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora

La visite se poursuit avec des dessins d’actualité, et une installation dans laquelle Le Chat a étalé devant son fils tous les objets de la fin du 20e siècle qu’un simple smartphone actuel peut remplacer, comme une caméra, un appareil photo, une radio, des encyclopédies, des journaux, une télévision, un tourne-disque 33 tours, etc. La visite se termine par un entretien entre Elie Barnavi et Philippe Geluck au milieu d’une salle décorée d’affiches punaisées, de sérigraphies encadrées et de vitrines contenant des inventions ‘à la Geluck’, c’est à dire à la fois rigolotes et absurdes.

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck

Les longues années de pratiques théâtrales télévisées ont manifestement aidé Philippe Geluck à concevoir et à réaliser une exposition remarquable par sa mise en scène, particulièrement soignée. Ceci mérite un coup de chapeau, au point que l’on se demande si c’est Geluck qui expose le Chat, ou le Chat qui expose Geluck?

Geluck expose le Chat © Philippe Geluck / Musée Maillol / Tempora

On peut aussi penser que ce travail anticipe au mieux ce que pourrait être la section dédiée au Chat du futur Musée du dessin d’humour, autour du Chat, à Bruxelles, et dont l’ouverture est prévue pour 2027. Il n’y a plus qu’un peu plus de 400 jours à attendre.

Philippe Geluck à sa table de travail bruxelloise © Philippe Geluck


Geluck expose le Chat
Musée Maillol, 59-61 Rue de Grenelle – 75007 Paris
Du 14 novembre 2025 au 7 mai 2026
Tous les jours de 10.30 à 18.30hrs
Le mercredi jusqu’à 22hrs
https://expo-lechat.com/
www.expo-lechat.com

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2 réponses à “Geluck expose le Chat”

  1. Geluck qui se prend pour Dieu? Pas encore, mais avec lui on ne peut rien exclure… Son talent qui agace les pisse-vinaigres tient sans doute un peu, si pas beaucoup, à la jalousie du frustré: » M’enfin, comme dit Gaston, tout le monde pourrait faire cela »!. Graphiquement, en effet, comme pour tant de personnages de BD, tout commence avec des bulles. De savon ou autres. Celle de Tintin, celle de Bécassine, des Peanuts, de Mickey. Mais si c’était si simple, il devrait y avoir des centaines de milliers d’humoristes connus et appréciés! Le talent majeur de Geluck est son audace. Il a franchi pas mal de bornes sociétales, et si cela ne suffisait pas, le fait est que l’audace persifleuse mais non vitupérante, sa folie sans limites, ses franchissements de lignes rouges ou jaunes contrôlées, fût-ce de justesse, son délire même un peu lourdingue, basique, furent les composants d’une recette efficace et rassembleuse. Assortie de ce piment essentiel qu’est le grain de folie. Geluck est comme la baballe que Gaston Lagaffe jette à son chat, qui rebondit de partout, se retrouve en des lieux inaccessibles, renversant les encriers, inarrêtable et toujours. surprenante. Gaston : encore une bulle…l
    J’imagine que le tableau l’ »Origine du Monde » avec son focus bien connu est aussi au cœur de l’oeuvre geluckienne dès lors que tout part de son invitation à son mariage via le carton d’un joyeux coït spontané. L’accouplement est bel et bien à l’origine du monde, celui centré sur un irrépressible du désir, du passage a l’acte débutant par la baise subreptice, implicite, devenue une démarche décontractée et féconde qu’on veut croire partagée, vu le résultat final…. Le chat est aussi, malgré ses siestes interminables mais qui ne dorment que d’un œil, une machine à jouir, un peu égotiste, certes, et alors?
    Il me fait penser à un mot serbe de Pierre Dac:  » Mieux vaut mourir sous les draps que sous les drapeaux ».. » Geluck, ou l’étendard sans gants est levé…

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